République des Savoirs

Laboratoire transdisciplinaire du CNRS, ENS et du Collège de France

La République des arts : lettres d’artistes et lettres sur l’art – Hommage à Paola Barocchi, Donata Levi et Carmelo Occhipinti


Détails de l’événement


Séminaire de recherche

Hommage à Paola Barocchi

21 avril 2017, 15h-17h

Layout 1

Adresse
Collège de France – 11, place Marcelin-Berthelot – 75005 Paris

Salle 7

Programme

Donata Levi, professeur à l’université d’Udine, directeur de la fondation Memofonte, Florence
Un projet inachevé : le lexique de la correspondance de Giorgio Vasari

Carmelo Occhipinti, professeur à l’université de Rome II Tor Vergata
Les arts à la cour de François I eret les correspondances diplomatiques: encore sur Rosso et Primaticcio

Entrée libre dans la limite des places disponibles

 

 

Présentation du séminaire

Collège de France République des Savoirs USR 3608
(CNRS – École normale supérieure de Paris – PSL)

La République des arts : lettres d’artistes et lettres sur l’art
Séminaire international de recherche 2017-2018

Le séminaire international La République des arts : lettres d’artistes et lettres sur l’art 2017 – 2018 est dédié à la mémoire de deux grands maîtres de l’histoire de l’art : Paola Barocchi (Florence 1927 – 2016) et Jacques Thuillier (Vaucouleurs 1928 – Paris 2011). Ils nous ont appris à lire les lettres des artistes, les correspondances des amateurs et des écrivains d’art, celles des grands collectionneurs, dans le but de contribuer à l’histoire de la création artistique et à celle de sa réception.

À l’âge de l’Humanisme, le nouveau statut social acquis par les artistes impliqua une certaine pratique de l’écriture. Les premières lettres connues traitent de leurs créations, de leurs besoins quotidiens, d’argent ou de santé. À partir de la moitié du XVe siècle, plusieurs architectes et maîtres orfèvres, peintres et sculpteurs écrivent –  ou dictent – des lettres et entretiennent des correspondances. À la fin de ce siècle, la plupart des architectes et des orfèvres, comme beaucoup de peintres et de sculpteurs savaient lire et écrire. À Bruges comme à Florence, à Anvers et à Venise, à Rome et à Paris, à Milan, Bruxelles et Lyon, et dans la plupart des cours européennes, les artistes tenaient des journaux, composaient des traités techniques, écrivaient des lettres, des biographies, des poèmes et connaissaient parfois le latin.

Pièces indispensables pour l‘étude de l’histoire et de l’histoire de l’art, rédigées principalement dans les langues vulgaires plutôt qu’en latin, les lettres des artistes représentent des documents essentiels pour connaître la vie et le caractère des créateurs, leurs œuvres, et jusqu’à leurs sentiments les plus intimes. Les missives des artistes du XVIe au XVIIIe siècle, nous ont permis de connaître mieux le contexte sociale dans lequel ils vivaient, de dévoiler leurs relations avec le pouvoir et les censures imposées sur leurs œuvres ;  de découvrir les exigences et les goûts de leurs commanditaires. Ces documents nous renseignent aussi sur la valeur attribuée aux œuvres d’art et sur leur réception dans les différents centres européens.

Dès la moitié du XVIe siècle, les recueils des lettres d’hommes illustres, manuscrites ou imprimées, en latin ou en langue vulgaire, se multiplient ; ils deviennent un genre littéraire transnational  et servent de modèles pour les correspondances privées ou officielles. C’est dans ces recueils que les lettres des artistes ont étés conservées depuis le XVIe siècle ainsi que leurs journaux, traités manuscrits, poèmes et descriptions littéraires de leurs œuvres.

Dans la première édition des Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (Florence, Torrentino 1550)  Giorgio Vasari (1511 – 1574) utilise méthodiquement les lettres d’artistes, des savants et des mécènes, pour construire ses biographies. Avec Vasari, les lettres deviennent des pièces essentielles dans la promotion sociale des artistes : le Roi de France écrit à Léonard de Vinci, à Andrea del Sarto et à Cellini, l’Empereur à Titien, et Raphael répond au Pape. Au début de l’âge moderne, après la mort de Michel-Ange (1475 – 1564), peintre, sculpteur, architecte et poète, auteur de centaines des lettres, l’institution des académies soutien le statut privilégié des artistes. Grâce à leur art et à leurs lettres patentes, les artistes sortent définitivement de leur condition d’artisans et de serviteurs des princes et sont parfois élevés au rang de la noblesse.

Le séminaire international La République des arts : lettres d’artistes et lettres sur l’art est centré sur la période 1500 – 1800, il se déroulera au Collège de France sur dix séances. Il a pour objectif de retracer l’histoire des «correspondances artistiques», de présenter des recherches et des lectures critiques nouvelles, ainsi que des découvertes et des correspondances inédites. Notre approche transversale portera sur différents aspects de l’épistolographie artistique ; nous analyserons l’histoire des recueils de lettres, ainsi que les vicissitudes, les choix et les méthodes de l’édition de la fameuse Raccolta di lettere sulla pittura, scultura ed architettura composée par Giovanni Gaetano Bottari (1689 – 1775) et publiée à Rome entre 1754 et 1773.

Le projet est mené en relation avec d’autres initiatives européennes comme les Lettere Artistiche del Settecento Veneziano de la Fondation Cini de Venise, les recherches de la Fondation Memofonte à Florence.

Deux journées d’étude seront organisées en juin 2018 en collaboration avec le Département d’histoire de l’art de l’Université de Parme. Les textes des conférences seront publiés.

 

Francesco Solinas

Maître de conférences au Collège de France, République des Savoirs (USR 3608 – Cnrs)