République des Savoirs

Laboratoire transdisciplinaire du CNRS, ENS et du Collège de France

Axes de recherche :

Titre de thèse :

« Traduction et réception de l’homosexualité dans
À la recherche du temps perdu en Chine »

Directice de thèse :
Anne Simon (CNRS)
Cotutelle :
Marie Laureillard, L’Institut d’Asie Orientale, Université Lumière Lyon 2

Année académique d’inscription :
2019-2020

 

Résumé :
Cette thèse se propose d’étudier la traduction et la réception de la représentation de l’homosexualité dans À la recherche du temps perdu en Chine, afin de mieux saisir les enjeux du genre dans le champ littéraire.
A l’épreuve de la langue chinoise, l’œuvre de Marcel Proust, lui-même traducteur de John Ruskin, interroge le rôle complexe des traducteurs – la Recherche a fait l’objet de deux traductions concurrentes presque simultanées – et révèle la profondeur d’un entre-deux transculturel. La réception de l’homosexualité proustienne en Chine concerne l’idéologie mais aussi le rapport de force qu’instaure un ouvrage « canonisé », comparé à d’autres textes censurés tel Journal du voleur de Jean Genet.
Prenant pour point de départ la métaphore du « verre transparent » selon la formule du traducteur Zhou Kexi, alors que Proust compare sa propre traduction de la Bible d’Amiens au « verre grossier mais brusquement illuminé d’un aquarium », les instruments d’optique proustiens, de la lanterne magique au miroir, seront mobilisés dans l’évaluation des versions chinoises.
Il faut d’abord contextualiser ces traductions. Dans une Chine à peine sortie de la révolution culturelle et qui ouvre grand ses bras aux valeurs occidentales, Proust, autrefois dénigré, devient une icône de la littérature moderne. Cependant, quand il s’agit de traduire l’« inversion », la Recherche doit traverser une série de prismes déformants.
La subjectivité entre également en jeu dans la traduction. L’homosexualité de l’écrivain, comme sa philosophie, posent problème à Zhou. Malgré des efforts herméneutiques (parfois contradictoires), les traductions altèrent la singularité et la complexité du traitement proustien de Sodome et Gomorrhe.
Se pose enfin la question d’un idéal traductologique. En confrontant l’expérience de Proust traducteur de Ruskin aux traductions chinoises, il s’agit d’étudier la démarche du traducteur d’un traducteur. De surcroît, la notion de transmigration des âmes dans la Recherche incite à envisager une inter-corporéité entre auteur et traducteur : le motif sensible de l’homosexualité pourrait transformer l’identité du traducteur et sa conception de la langue chinoise. L’intersubjectivité aboutirait ainsi à une « trans-subjectivité » culturelle.

Mots-clés :
Traduction, Chine, Proust, homosexualité.

Sites webs :
https://poleproust.hypotheses.org/yangjie-zhao-doctorant-republique-des-savoirs