Chiara Vecchiarelli

Équipe : CIEPFC/PhilOfr

Axes de recherche

Titre de thèse :
« La fonction réalisante de l’image.
D’une analyse du rôle de l’image dans la pensée
de Gilbert Simondon et d’Henry Corbin. »

Directeur de thèse :
Fédéric Worms (ENS)

2015-2022

 

Résumé :
Si une tradition philosophique a pensé l’image sous le signe de l’absence, du manque, du simulacre jusque à en faire le lieu d’élection de l’envers du réel, la thèse que nous soutenons fait appel à un changement de perspective, et propose d’adopter un regard critique envers toute conception de l’image visant notre éloignement du réel et résonnant encore aujourd’hui avec la thèse sartrienne qui a voulu faire de l’imagination la fonction irréalisante de la conscience.
Il s’agira de penser aux images comme à des opérateurs doués de réalité, participants au processus du vivant et occupants une position décisive dans notre rapport au monde : une position théorique et concrète qui fonctionnerait comme point d’indécidabilité et lieux d’articulation de couples conceptuels tels que celui d’objet et de sujet, et de monde intelligible et monde sensible. C’est à la lumière d’une réflexion sur l’ontologie de l’image et sur sa propre temporalité – là où l’image et l’imagination se rejoignent – que l’on propose de penser ce sujet. L’image dans sa relative extériorité, appréhendée autrement que par le seul sujet de l’imagination, s’offrira d’une part comme efficace clé de lecture de pratiques artistiques contemporaines autrement insaisissables, d’autre part comme centrale à la compréhension de la vie même.
Cette thése se formule au carrefour entre deux théories de l’image que nous avons fait entrer en résonnance entre elles, bien que elles aient étés développées au coeur de deux philosophies apparement distantes l’une de l’autre : celle du « monde imaginal » dans lequel Henry Corbin trouva la dimension ontologique rendant possible l’articulation du sensible et de l’intelligible, et celle du « cicle de l’image » présentée par Gilbert Simondon au cours des mêmes années, dans laquel l’image est conçue dans sa fonction ontogénétique, que nous éclairons de manière inédite à travers une analyse du processus biologique de métamorphose. C’est par le stade imaginal que l’individu passe dans la transition qui s’opère, dans la crysalide et le cocon, entre chenille et papillon. Le caractère de pluripotentialité des disques imaginaux, nous montrons dans la thèse, est pour le papillon comme pour d’autres vivants la source de ce meme indeterminé qui dans la philosophie simondonienne rend possible le processus d’individuation tout au long de la vie d’un individu.
Au cœur de cette rencontre – dans le prolongement des intuitions de ces philosophies majeures que la thèse entend renouveler à la lumière de l’imaginal biologique – se déploie une réflexion portant sur le caractère temporel de l’opération d’image, sur la fonction que celle-ci joue dans notre rapport au temps, afin de suggérer que c’est dans l’image qu’il en va pour nous de notre rapport au présent.

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