République des Savoirs

Laboratoire transdisciplinaire du CNRS, ENS et du Collège de France

Axes de recherche :

Titre de thèse :
« Littérature et langage chez Levinas :
une « phénoménologie littéraire » ? »

Directeur(rice)(s) de thèse :
Perrine Simon-Nahum (CNRS)

Année académique d’inscription (ED 540) :
2019-2020

Résumé :
Parfois soupçonnée d’hyperbolisme en raison de son recours abondant à des références littéraires et bibliques, les recherches consacrées à la fonction de la littérature et la place tenue à cet égard par le langage dans l’œuvre philosophique d’Emmanuel Levinas demeurent cependant rares.

L’objet de cette thèse consiste à exposer comment la pensée lévinassienne est travaillée en sous-main par un recours à la littérature sur un mode qui ne relève aucunement de l’ornemental, étant bien au contraire appelé par le vertige de la description conceptuelle aussitôt que le discours philosophique éprouve ses propres limites.

Le débordement de signification que la littérature autorise conduit à travers la question centrale du langage à interroger le statut même de l’écriture dans sa capacité à sonder des territoires de la pensée antérieurs à la réflexion, échappant à la phénoménologie descriptive et auxquels seule la littérature est à même de donner accès notamment via les textes de Blanchot, Jabès et Agnon.

Mais l’atteinte d’un tel au-delà de la philosophie ne se traduit nullement par un abandon du projet éthique en dépit de la solitude qui semble caractériser toute œuvre littéraire dans son retrait essentiel, indiquant bien plutôt une voie d’accès privilégiée à l’absolument autre dans la singulière saisie de la réalité humaine que littérature et langue littéraire autorisent.

Il s’agira ainsi de resituer le contexte littéraire et philosophique de l’œuvre de Levinas afin d’évaluer l’enracinement littéraire de sa pensée, pour déceler sur cette base les modalités du rapport lévinassien à l’écriture et au langage avec pour visée ultime la délimitation d’une « phénoménologie littéraire » s’intéressant à la saisie de phénomènes-limites et aux contenus de l’existence traditionnellement laissés pour compte dans l’histoire de la pensée.

Mots-clefs : Phénoménologie, littérature, Levinas, langage