Titre de thèse : « Une Défense du Référentialisme »
Directeur de thèse : Mathias Girel (ENS)
Année académique d’inscription : 2020-2021
Résumé :
Cette thèse présente un étude sur l’opposition entre le référentialisme et l’inférentialisme, deux courants opposés sur la manière d’expliquer la signification dans la philosophie contemporaine du langage et de l’esprit. Cette thèse défend le référentialisme en reconstruisant cette opposition en termes historiques. L’argument principal est que le débat entre le référentialisme et l’inférentialisme doit être compris dans le contexte de la philosophie de Kant, qui combine l’idéalisme transcendantal avec une définition précise de la formalité de la logique.
Dans la première partie, notre argumentation s’articule autour de deux axes. Premièrement, nous défendons que l’idéalisme transcendantal de Kant établit un paradigme dans la philosophie moderne centré sur le principe selon lequel le contenu découle de la collaboration harmonieuse des concepts et des intuitions. Deuxièmement, nous soutenons que l’idéalisme transcendantal innove en posant que la formalité de la logique s’appuie sur l’abstraction de tout contenu. Le traitement de la logique par Kant a fait l’objet d’une critique importante au dix-neuvième siècle en raison des progrès de la géométrie et de l’algèbre, ce qui a conduit à deux mouvements distincts : l’un mené par Frege et l’autre par Peirce, tous deux visant à réformer le projet critique de Kant.
La deuxième partie de cette thèse se concentre sur le courant inférentialiste. Nous interprétons l’inférentialisme comme découlant de l’échec du projet original de Frege, en mettant l’accent sur l’aspect conceptuel du principe d’unité de Kant. Nous donnons un aperçu historique de l’inférentialisme, en retraçant ses origines depuis Carnap jusqu’à son établissement complet par Sellars, et en culminant avec la défense contemporaine de Brandom. Nous soutenons que l’inférentialisme résulte d’une tentative progressive d’affiner les idées de Carnap dans une sémantique logique interne au langage, conduisant à une explication conceptualiste insoutenable du langage.
La troisième partie se concentre sur la branche historique initiée par Peirce. Nous montrons que l’approche référentielle du langage de Peirce après 1885, qui résulte de son développement des quantificateurs logiques et de l’introduction des indexicaux, préserve l’équilibre initialement recherché par Kant entre concepts et intuitions. Nous concluons en reliant Peirce à la recherche contemporaine en philosophie du langage, en démontrant la relation entre les vues de Peirce et celles de Grice, Perry, Kripke et Recanati. Enfin, nous soutenons que l’approche référentielle de Peirce anticipe le contextualisme radical de Recanati.
Mots-clés :
Pragmatisme, Philosophie de l’Esprit, Philosophie du Langage.
Crédit photo : © Pole communication de l’ENS