Titre de thèse :
«Esquisse d’une éthique pour l’Anthropocène. Analyse phénoménologique du rapport homme-environnement et de ses enjeux contemporains.»
Directrice de thèse :
Perrine Simon-Nahum (CNRS)
Année académique d’inscription :
2023-2024
Résumé du projet de thèse :
Au fil des discussions sur le changement climatique, un mot s’est peu à peu frayé un chemin dans les sphères académiques et médiatiques, celui d’Anthropocène. Ce néologisme décrit une nouvelle époque géologique, où les activités humaines constituent une force majeure modifiant la géologie terrestre et ses écosystèmes. Ce concept scientifique reflète l’enchevêtrement physique entre environnement et humanité dans lequel nous vivons, et sert à souligner les défis éthiques provoqués par le changement climatique. Cependant, il mérite d’être pensé comme un concept proprement éthique, à la fois pour rendre compte des enjeux moraux qu’il soulève et, plus fondamentalement, pour éclairer l’enchevêtrement phénoménologique qui le sous-tend. Cette idée englobe la manière dont l’homme se comprend par rapport à son environnement et la manière dont, partant de cette compréhension, il y vit, l’utilise, le domine, le préserve, le respecte, etc.
Une enquête philosophique, s’appuyant sur les outils de la phénoménologie, est cruciale afin de mieux comprendre la forme que prend actuellement ce rapport dans nos sociétés développées occidentales. Il est possible de penser de cette forme contemporaine qu’elle n’est pas soutenable, et il faut explorer par contraste la (ou les) forme(s) que pourrait prendre un rapport plus durable, plus écologique, entre l’homme et l’environnement. Ce re-cadrage se justifie par la manière dont l’humain semble désormais investi d’une responsabilité vis-à-vis de la planète Terre, qu’il est capable de dégrader à l’échelle globale. Dès lors, comment une conception éthique du rapport de l’homme à l’environnement peut-elle éclairer ce qui se joue dans l’Anthropocène, et peut-être offrir des pistes pour déjouer ce problème crucial?
Il est d’une part nécessaire de mettre au jour l’ontologie technicienne qui semble régir le rapport actuel de l’homme à l’environnement et d’en souligner les apories matérielles et éthiques, à travers une lecture des philosophes de la technique que sont notamment Martin Heidegger et José Ortega y Gasset. D’autre part, un renversement d’une telle ontologie technicienne s’impose à partir de la pensée d’Emmanuel Levinas, dont la compréhension de l’économie et de son articulation avec l’éthique dessine les contours d’un rapport radicalement différent entre homme et monde, fait de jouissance et de respect. Il s’avère également crucial, en s’appuyant sur certains dilemmes spécifiques liées au changement climatique, d’explorer les ramifications de ce rapport éthique au monde dans les domaines de la justice et de l’équité.
Key words :
Environnement, éthique, phénoménologie.