Adresse :
ENS – 45 ou 29, rue D’Ulm – Paris Ve
organisé par
Maël Montévil (CNRS/RDS/Centre Cavaillès), Caroline Petit (CNRS/RDS/Centre Cavaillès) et Anton Robert (Ed540/RDS/Centre Cavaillès)
Présentation
Dans la lignée des sessions précédentes, organisées par Jean-Jacques Kupiec, puis par Gérard Lambert et Thomas Heams, le séminaire sur le vivant du centre Cavaillès se donne pour objet les défis conceptuels de la connaissance du vivant, en articulant théorie et pratique. Une fois par mois, une chercheuse des sciences du vivant, de l’histoire ou de la philosophie de cette discipline, ou un praticien, est invité à y présenter ses travaux et réflexions.
Le séminaire se veut ouvert à toutes et à tous, avec l’objectif de croiser les regards, partager les connaissances et favoriser les échanges sur un large spectre de thématiques et de questions. Il entend être le témoin de la vitalité, de l’actualité et de la fertilité des recherches à la croisée des humanités et des sciences du vivant, pour en aborder autant les questions théoriques qu’elles portent que leur incidence sur les débats contemporains.
Programme
- Mercredi 4 octobre 2023, 18h-20h, salle DUSSANE – 45, rue d’Ulm (RDC gauche) : « Inauguration du programme interdisciplinaire : fondations théoriques de la biologie »
Maël MONTÉVIL, CR CNRS, Centre Cavaillès, République des savoirs UAR3608 – directeur du programme
- 15 novembre 2023, 16h-18h, Salle CAVAILLES – 45, rue d’Ulm (1er étage)
« The Gambit of Geist: Can a renewed Philosophical Anthropology transform our theories of social ontology, collective intentionality, the evolution of normativity and agency, and perhaps most critically, our grasp of contemporary social pathology? »
Lenny MOSS, Professor, PhD, Investigador Visitante, Instituto de Investigaciones Filósoficas, Universidad Nacional Autónoma de Mexico
- 13 décembre 2023, 16h-18h, Salle CAVAILLES – 45, rue d’Ulm (1er étage)
« Le changement de vision de François Jacob dans les années 1970 : de l’histoire de l’hérédité à l’historicité de l’évolution »
Alberto VIANELLI, dipartimento di scienze teoriche e applicate, Universita degli studi dell’Insubria
- 17 janvier 2024, 16h-18h, Salle CAVAILLES – 45, rue d’Ulm (1er étage)
« La centralité épocale de la question de l’organicité »
Miguel BENASAYAG, psychanalyste et philosophe - 28 février 2024, séance reportée à une date ultérieure.
- 20 mars 2024, 16h-18h, Salle Camille MARBO (U205) – 29, rue d’Ulm (2ème étage)
« L’agentivité biologique comme inventivité : repenser le rôle des organismes non-humains dans l’évolution »
Mathilde TAHAR, philosophe de la biologie, ATER Université de Lille, laboratoire STL (UMR 8163 – CNRS)
- 24 avril 2024, 16h-18h, Salle Camille MARBO (U205) – 29, rue d’Ulm (2ème étage)
« Repenser la biologie à partir de paramètres fondamentaux trop souvent négligés »
Jacques FANTINI, professeur de biologie, Université d’Aix-Marseille, UNIS UMR_S 1072
- 15 mai 2024, 16h-18h, Salle Camille MARBO (U205) – 29, rue d’Ulm (2ème étage)
«Disruption et vulnérabilité des organisations biologiques»
Maël MONTEVIL, biologiste, philosophe, Cnrs - 12 juin 2024, 16h-18h, salle de séminaire Cavaillès – 29, rue d’Ulm (étage 3) & en visio (lien de connexion)
« Vitalisme matérialiste, vitalisme spiritualiste »
Charles T. WOLFE, professeur de philosophie, Université Jean Jaurès de Toulouse
Résumé : Les organismes, comme les zombies, les chevaliers Jedi presque disparus ou, peut-être plus gentiment, comme un personnage de théâtre qui ne cesse de quitter la scène puis d’y revenir d’une manière ou d’une autre, ne cessent de faire leur « retour » ou leur « renaissance » dans la pensée bio-théorique et bio-philosophique. La plupart du temps, ils reviennent en tant qu’éléments clés de fières revendications empiriques visant à « renverser le mécanisme » ; des revendications de vérité, en fait : les organismes sont x, sont définis par les propriétés y et z, et ainsi de suite. J’ai essayé d’atteindre une certaine distance critique (amicale) sur de telles affirmations de vérité littérale sur les organismes dans des travaux antérieurs (Wolfe 2010, 2014, 2023b), mais ce n’est jamais une question clairement résolue, pour au moins deux raisons. Tout d’abord, parce que le point de vue fortement opposé – une sorte d’approche pragmatique et constructiviste du type « le beau est comme le beau fait », dans ce cas approchant les organismes comme des constructions heuristiques – semble laisser quelque chose de côté ; une partie de leur «matérialité vitale», peut-être, qui est caractéristique des systèmes biologiques. Deuxièmement, parce que les définitions empiriques ne cessent de changer (l’organicisme de Claude Bernard est différent de celui de Francisco Varela, et tous deux sont différents de la métaphysique de l’organisme de Hegel ou de Hans Jonas ; c’est un point de désaccord entre moi et les défenseurs acharnés de l’organicisme qui le considèrent comme monolithique). Mais il y a une autre façon dont les organismes peuvent revenir et reviennent : en tant que ce que l’on pourrait appeler des créateurs de sens (suivant une ligne d’enquête souvent associée à la recherche Umwelt de Jakob von Uexküll). C’est une approche très différente des organismes, de leur existence et de ce qui les fait fonctionner que de dire qu’ils sont définis par le métabolisme ou la fermeture organisationnelle, et de dire qu’ils sont définis par la production de sens (et la réactivité au sens). Cette approche a un parfum biosémiotique certain, mais au lieu de réitérer ces analyses, je l’explorerai sur la base des idées d’Uexküll, de Kurt Goldstein, de Georges Canguilhem. Dans ce contexte, les organismes présentent une certaine ressemblance avec le récit de « l’organisme en tant que figure de la subjectivité », bien connu de la tradition idéaliste et romantique allemande (que Canguilhem, en 1947, voulait « ramener » dans le travail biophilosophique : Canguilhem 1947a, Wolfe 2024) ; cependant, ils ont une qualité processuelle, performative qui les rend moins fondateurs ou internalistes ; moins comme le corps propre de la phénoménologie incarnée et/ou enactiviste qui est définie par sa subjectivité (Wolfe 2023a). Espérons que le retour des organismes en tant que créateurs de sens ne soit ni une tragédie ni une farce.