Résumé des principaux éléments abordés lors de cette séance

Les difficultés principales pour mener des recherches et obtenir des données probantes sur de potentiels traitements pendant la pandémie

Il a d’abord fallu faire face à l’urgence, inhabituelle pour le temps long de la recherche. Mais les autres difficultés étaient nombreuses, avec l’incertitude sur la Covid-19 et la crise à venir, la désorganisation générale, le manque de disponibilité des équipes cliniques et le manque de financement, ainsi que les pénuries de médicaments.

Comment Philippe Ravaud et ses équipes ont-ils pu faire face à tout cela pour tester des traitements possibles ?

Philippe Ravaud a dû faire des choix méthodologiques inhabituels. Tout en conservant les principales contraintes garantissant la fiabilité des résultats d’une étude (comme l’existence d’un protocole bien défini), certaines manières de faire ont dû être abandonnées en raison de l’urgence (par exemple, il n’y avait pas le temps de faire des comparaisons systématiques entre usage de médicaments et usage de placebo). L’adaptation aux réalités du terrain était constante (par exemple, les traitements testés étaient ceux qui étaient disponibles immédiatement). Les essais étaient arrêtés très vite s’ils n’étaient pas prometteurs, et, inversement, les financements n’ont pas été attendus pour commencer certains essais. À partir des données observées, des méthodes statistiques ont permis de simuler au mieux ce qu’aurait pu produire un essai fait dans des conditions habituelles de recherche.

En adoptant des méthodologies d’urgence, quel niveau de preuve peut-on atteindre ?

Les méthodologies d’urgence ne sont pas sans poser des questions éthiques et épistémologiques, par exemple avec le recours aux pre-prints, des articles qui n’ont pas encore été publiés ni revus par les pairs et dont la validité n’est donc pas encore établie par la communauté scientifique. Philippe Ravaud souligne néanmoins que la rapidité de la communication de résultats, même quand la plus grande certitude n’est pas encore établie, peut permettre de sauver des vies en faisant gagner du temps pour améliorer la prise en charge des patients. C’est un arbitrage difficile à faire, mais il fallait prendre des décisions très rapides, tout en maintenant le meilleur niveau de preuve possible à un moment donné.

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Présentation du séminaire

Le séminaire « Les temps de la pandémie » organisé par la République des savoirs s’est tenu pendant les deux années académiques 2021-22 (consulter le programme) et 2022-23 (consulter le programme), la deuxième année en coopération avec des collègues du département de philosophie de l’université de Créteil. Il s’est intéressé aux questions de sciences, de politique et de politique des sciences qui ont été posées à l’occasion de la pandémie.