République des Savoirs

Laboratoire transdisciplinaire du CNRS, ENS et du Collège de France

Axes de recherche :

Titre de thèse :
« William Carlos Williams et l’hypermodernité :
au-delà de la défiguration »

Directrice de thèse :
Hélène Aji

Année académique d’inscription (ED 540) :
2021-2022

Résumé :
L’hypermodernité, terme popularisé par le sociologue Gilles Lipovetsky, désigne une société fragilisée par les crises du XXe siècle et marquée par trois notions : l’urgence, l’excès et la perte identitaire, qui défigurent le réel. Le concept d’hypermodernité est néanmoins galvaudé et peu utilisé en littérature où les termes « hypermoderne », « métamoderne » et « supermoderne » sont utilisés de manière synonymique. Ce projet de thèse aura donc pour vocation d’éclairer la notion d’hypermodernité en littérature en montrant qu’elle résulte notamment du désir williamsien de rupture avec le modernisme représenté par T. S. Eliot. Chez Williams, la défiguration de la modernité se définit notamment comme un dépassement des formes conventionnelles : le corps anamorphique dénote l’excès, les espaces naturels sont défigurés par une urbanisation exponentielle tandis que ces débordements spatiaux et corporels sont complétés par des débordements textuels soulignant que l’œuvre de Williams ne peut être contenue ou catégorisée. L’écriture se mue ainsi en désécriture, ce qui rappelle l’effacement identitaire hypermoderne. Ces phénomènes de défiguration dans l’œuvre de Williams circonstancient ainsi la délicate classification de l’auteur, considéré tantôt comme moderniste, tantôt comme précurseur marginal du post-modernisme. Partant du constat que Williams ne peut être catégorisé, ce travail s’interroge sur la possibilité d’une hypercatégorisation de l’auteur et met en perspective les différentes définitions et bornes chronologiques ayant trait à l’hypermodernité pour éclairer la pertinence de la notion d’hypermodernité comme hypercatégorie. Ce travail étaye ainsi l’hypothèse que l’œuvre de Williams est placée sous le signe de la bipolarité, nourrissant dès lors la parenté entre hypermodernité, théorie psychanalytique et philosophie postmoderne : le mouvement dialectique d’ajout et d’effacement de soi transmute le style autobiographique en autofiction, le devenir-organique du corps est complété par un devenir-mécanique tandis qu’espaces naturels et urbains se contaminent mutuellement. Ces défigurations opérées par Williams nous donnent ainsi à voir une modernité à la fois exacerbée et effacée, hypertrophique et hypotrophique, paradoxe essentiel à l’ère hypermoderne.

Mots-clefs:
William Carlos Williams, modernité, hypermodernité, poésie américaine, psychanalyse, philosophie, sociologie, identité, débordement, excès.
 
Curriculum vitae