République des Savoirs

Laboratoire transdisciplinaire du CNRS, ENS et du Collège de France

La condition ouvrière de Simone Weil

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Le 17 janvier 2024 s’est tenue à l’École Normale Supérieure de Paris une journée d’études consacrée au recueil de Simone Weil intitulé La Condition ouvrière. Voici notre retour sur cette journée.

Travaux d’analyse à travers des extraits de textes

La journée d’études a été organisée par le Département de Philosophie de l’ENS avec la participation de Nathalie Calmes Cardoso, Robert Chenavier, Anthony Dekhil, Emmanuel Gabelllieri, Mickaël Labbé, Julien Lagalle, Perrine Simon-Nahum et Frédéric Worms.

Chaque intervention a pris la forme d’une explication de texte suivie d’un échange avec l’auditoire.

L’étude des œuvres de la philosophe Simone Weil est, par ailleurs, inscrite au programme de l’oral de la session 2024 de l’agrégation de philosophie. Il s’agissait donc de donner aux étudiants des clés d’analyse de ce recueil et de les inciter à poursuivre ce travail dans le cadre de leur préparation à l’agrégation.

Consulter le programme de la journée et la liste des extraits étudiés

Le recueil La Condition ouvrière

La Condition ouvrière est un ouvrage publié en 1951, donc plusieurs années après la mort de Simone Weil. Sa première version a été publiée par Albert Camus dans la collection “Espoir”. Cependant, il constitue un recueil de textes variés écrits pendant ou après son expérience vécue comme ouvrière à l’usine.

Cette expérience démarre le 4 décembre 1934. Simone Weil entre comme ouvrière sur presse chez Alsthom (devenu Alstom depuis) à Paris. Titulaire d’une agrégation de philosophie, elle souhaite vivre de l’intérieur la condition ouvrière. Elle y travaille jusqu’en avril, avec plusieurs périodes de mise à pied ou de convalescence. Elle travaille ensuite un mois aux usines de Boulogne-Billancourt comme emballeuse avant de travailler, à partir de juin, aux usines Renault en tant que fraiseuse. En août 1935, elle cesse de travailler à l’usine et enseigne à la rentrée au lycée de Bourges.

Le recueil contient plusieurs lettres à ses proches qui racontent son travail à l’usine et les difficultés qu’elle y rencontre. Nous y trouvons également le Journal d’usine qu’elle a tenu pendant cette année où elle recense les tâches effectuées et ses impressions au fil des jours. Plusieurs articles de Simone Weil, publiés dans différentes revues, notamment militantes, et parfois sous pseudonyme complètent ce recueil. Ils proposent d’analyser la condition ouvrière en lien avec le contexte politique et social. Le texte « Expérience de la vie d’usine » constitue un de ces articles. Simone Weil y livre un témoignage de la vie d’usine et analyse les causes de la servitude (= l’état de dépendance totale d’une personne soumise à une autre) du travail ouvrier. En quoi s’agit-il d’un travail contraint et non émancipateur ? Puis, dans un second temps, elle propose plusieurs voies pour repenser le travail à l’usine, notamment en modifiant profondément l’organisation du travail.

Une approche moderne de narration

Après son immersion en usine, Simone Weil a souhaité impulser une évolution de l’organisation du travail pour améliorer les conditions de travail en usine. Son expérience immersive reste unique dans son approche. Plus tard, d’autres personnes ont tenté d’imiter son approche d’immersion pour des objectifs journalistiques. À titre d’exemple, on pourrait citer l’enquête sur les travailleurs précaires menées par la journaliste Florence Aubenas qui s’est immergée six mois en Normandie dans le monde des travailleuses du nettoyage avant de raconter son expérience dans le livre “Le quai de Ouistreham”.

En savoir plus :

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