République des Savoirs

Laboratoire transdisciplinaire du CNRS, ENS et du Collège de France

Les temps de la pandémie – Les transformations numériques de l’espace public et leur impact en temps de crise sanitaire

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Manon Berriche, doctorante sur le sujet de la désinformation, à la croisée de la sociologie de la communication et des médias et de la psychologie cognitive (Sciences Po Médialab), nous présente son étude d’un corpus de 1500 commentaires sur le réseau social Facebook à propos des controverses vaccinales avant la pandémie.

Résumé des principaux éléments abordés lors de cette séance

Les réseaux sociaux sont-ils une cause de désinformation ?

Les réseaux sociaux agissent comme un élargissement de l’espace public : tout le monde peut participer au débat public, même sans expertise. Toutefois, Manon Berriche rappelle que les réseaux sociaux offrent aussi un plus grand accès à l’expertise et aux savoirs, et qu’il ne faut donc pas y voir seulement une source de désinformation.

Sur les réseaux sociaux, les pro-vaccins et anti-vaccins ont-ils des manières d’argumenter différentes ?

L’analyse faite par Manon Berriche suggère que les anti-vaccins présentent davantage de défiance envers les médias traditionnels. Lorsqu’ils ont recours à des sources, elles ne sont pas ce qui fait consensus scientifiquement, mais s’appuient plus souvent sur des medias alternatifs, des affaires et des expériencespersonnelles ou en tout cas singulières. Les pro-vaccins quant à eux s’appuient davantage sur la science et ont une plus grande montée en généralité, indépendantes des expériences qu’ils ont faites ou qui ont été faites autour d’eux. Dans leurs sources, ils ont davantage recours aux médias traditionnels, aux institutions comme l’OMS, et, finalement, à la vulgarisation scientifique.

Que disent ces différences d’argumentation sur le débat entre anti-vaccin et pro-vaccin ?

Le débat ne porte pas que sur les vaccins, mais aussi sur les modes d’enquête et les sources les plus valides. La nature de l’objectivité est perçue différemment par les uns et les autres. Pour les pro-vaccins, l’objectivité est ontologique : ce qui est objectif est ce qui correspond au réel. Pour les anti-vaccins, l’objectivité est plutôt morale, elle est liée à des valeurs comme l’indépendance et le désintéressement par rapport aux intérêts financiers par exemple.

Présentation du séminaire

Le séminaire « Les temps de la pandémie » organisé par la République des savoirs s’est tenu pendant les deux années académiques 2021-22 (consulter le programme) et 2022-23 (consulter le programme), la deuxième année en coopération avec des collègues du département de philosophie de l’université de Créteil. Il s’est intéressé aux questions de sciences, de politique et de politique des sciences qui ont été posées à l’occasion de la pandémie.

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