Séminaire doctoral de philosophie française contemporaine
2021-2022
Salle et horaires variables
Adresse
ENS – 45, rue d’Ulm – Paris Ve
Organisé par
Les doctorants du CIEPFC et Yann Goupil (coordinateur au CIEPFC)
• 13 octobre 2021
« Le présent de Jean-Luc Nancy »
Intervenants : Frédéric Worms, Chiara Vecchiarelli & Yann Goupil
• 10 novembre 2021
« Henri Lefebvre et Raymond Aron : l’individu et l’histoire »
Intervenants : Anthony Dekhil et Sebastian Jutisz (doctorants CIEPFC)
Répondante : l’historienne et philosophe Perrine Simon-Nahum
• 16 février 2022, salle Lettre 1, 15h-16h30
« Equivalence et bipolarité axiologique chez Bergson »
Participants : Thiago Ribeiro de Magalhães Leite (Université fédérale de São Paulo, Brésil) & Caterina Zanfi (CNRS, ENS)
• 13 avril 2022, salle des Actes, 14h-15h30, Lien zoom
« La philosophie de Jean Wahl »
Participant : Bernardo Tavares dos Santos (Université fédérale de São Paulo, Brésil)
Répondant : Frédéric Worms
Jean Wahl est souvent présenté comme l’introducteur en France de penseurs tels que Kierkegaard et Whitehead, comme le professeur de la Sorbonne dont les cours ont été suivis par des générations de philosophes entre les années 1930 et 1960 ou encore comme le fondateur du Collège Philosophique, au sein duquel, dans l’après-guerre, nombreux penseurs venant de différents domaines ont trouvé l’occasion de présenter leurs idées.
Mais il est aussi l’auteur d’une philosophie singulière et cohérente. Dans ce séminaire, on se propose de faire un portrait général de cette philosophie, en la caractérisant, selon des indications de Wahl lui-même : un empirisme métaphysique, en même temps “transcendantal” à l’instar de la philosophie positive de Schelling, “radical”, dans le sens que William James donne à ce terme, et “affectif”, inspiré de la philosophie de l’intuition bergsonienne et de la démarche existentielle de Kierkegaard.
• 11 mai 2022, salle des Résistants, 16h-17h30
« Conversation avec Camille Riquier autour de “Métamorphose de Descartes – Le secret de Sartre” »
Intervenants : Camille Riquier (ICP), Jean-Marc Mouillie (CIEPFC, Université d’Angers), Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau (ICP)
Descartes ou la philosophie française : le caractère fondateur qui a été reconnu de droit à Descartes au regard de toute la philosophie moderne a masqué l’importance toute particulière que les penseurs français lui ont toujours accordée, de fait, dans leur propre édification intellectuelle. Descartes fournit en France moins les idées que la trame qui a servi à les ordonner – ce qui n’est le cas d’aucun philosophe ailleurs.
Sartre, toute sa vie durant, fut tenu par le projet de construire une morale. Par la suite, il ne s’est jamais lassé de conclure : « Et j’ai toujours échoué. » Conscient de cet échec où son projet de métaphysique l’a mené, il reconduit les motifs qu’il avait de l’écrire à son enfance : « Ma seule affaire était de me sauver. »
Il avait cru être au monde ; il a vécu dans l’imaginaire. Il avait bâti tout une œuvre afin de s’y mettre tout entier. Or ce Moi immortalisé, celui auquel il aspirait, c’était secrètement Descartes, médiateur caché dans la pénombre mais qui lui avait tracé un chemin pour le rejoindre. Sartre ne l’a pas dit. Néanmoins il savait qu’il était en train de récrire les Méditations métaphysiques de Descartes. C’était son secret et le propre du secret est d’appartenir à ce qui relève en chacun non pas de l’inconscient mais de ce « fonds sombre qui refuse d’être dit » – le vécu.
Un tel secret, encore enveloppé et obscur à lui-même, explique également que Sartre ait pu se dire à la fois existentialiste et cartésien. D’un côté, l’existentialisme est le nom que l’adversaire avait donné à la doctrine. Il est la manière objective dont sa pensée s’est extériorisée dans l’histoire, il est la doctrine vue du dehors. De l’autre côté, le cartésianisme est la même doctrine mais telle qu’elle est comprise du dedans par Sartre. Il est la manière subjective dont Sartre a intériorisé sa doctrine dans l’histoire de la philosophie. Deux courants de pensée dont l’un, tout en surface, a recouvert malencontreusement l’autre qui était pourtant le seul qui fût profond.